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     Je suis Yui. Il y a environ 3 mois, j’ai vécu une incroyable aventure. J’étais parti faire de l’urbex1, cette mode qui consiste à s’introduire dans un bâtiment abandonné en filmant les lieux.

    C’était une froide soirée d’hiver. J’étais fin prête. Mon petit sac à dos gris était plein de nourriture, tandis que sur le lit était soigneusement disposé une pile de vêtements chauds. Je regardais par la fenêtre, envoyant quelques regards discrets vers l’horloge. Il faisait nuit noire depuis deux ou trois heures déjà, mais j’attendais le bon moment. Lorsque j’entendis mes parents monter, je me cacha sous mes draps, camouflant mes vêtements sous une montagne de peluches. Quand l’absence de bruits me fit comprendre que les adultes se couchaient, je compris qu’il était temps. J’enfila très vite mes vêtements, pris mon téléphone portable et ma caméra, puis sortis par la fenêtre (elle donnait sur un vieux matelas à jeter, qui me permit de ne pas me faire mal). Je me rendis ensuite au point de rendez-vous indiqué par ma partenaire : Amy.

    Il faisait sombre, l’endroit qu’on avait choisi était une usine désaffectée, située en plein milieu d’une forêt. On avait fait exprès de prendre un endroit glauque (pour faire un peu plus de vues :P). Je venais à peine d’arriver, et je regrettais déjà de ne pas avoir pris une lampe plus puissante. Prendre la torche de mon portable n’était décidément pas la meilleure idée que j’eu dans ma vie… Soudain, j’entendis des bruits de pas. J’essayais de me rassurer « C’est rien, Yui... » ou « C’est juste un petit lapin ou un truc comme ça... », mais c’était vain. Je frissonnais de tout mon être, jusqu’à entendre une voix :

    « Yui… Je suis ton père... »

    C’était la voix d’Amy ! Je me retourna et dévisagea longuement mon amie. J’essayai de paraître sérieuse et concentrée mais je n’y arrivais pas, c’était plus fort que moi : J’avais presque envie de mourir de rire. Elle aussi d’ailleurs ! On fut toutes deux prises d’un fou rire incontrôlable. On reprit vite notre sérieux, et on commença les préparatifs. Moi, je devais calibrer la caméra et elle, devait régler le micro. Une fois cela terminé, on avait plus qu’à lancer et le tour était joué ! On a commencé la vidéo et on a fait le discours habituel :

    « Salut les gens ! C’est Yui et Amy, alias Yumy ! Aujourd’hui, on se retrouve pour une vidéo un peu spéciale... »

    On parlait, on parlait, et on s’amusait ! Vint alors le moment fatidique. J’ouvris doucement la grande porte qui gardait l’usine. Il y avait des tags partout, ça avait dû être un refuge pour dealer à un moment ou à un autre… Je dois avouer que sur le coup, ça m’a un peu refroidi ! Mais je ne pouvais pas me défiler, pas après avoir fait le mur et traversé la moitié de la forêt. A ce moment du récit, vous pourriez vous demander ce qu’il y a d’extraordinaire là-dedans. C’est vrai, vous auriez raison. Mais écoutez un peu la suite… On visitait tranquillement les lieux. A vrai dire, je pensais que ce serait beaucoup plus excitant que ça, mais au moins, ça faisait passer le temps. Au bout d’un moment, Amy a remarqué une grande porte de fer.

    « Un bunker !! a-t-elle hurlé. Trop stylé ! On l’ouvre ? Allez, s’te plaît !!!! »

    Je reconnais bien là mon amie : toujours surexcitée, et un peu « gamine ». J’ai réfléchi une seconde à un bon moyen de rejeter sa requête.

    « Eh bien… Si c’est scellé, il doit bien y avoir une raison, non ? »

    En vérité, je bouillonnais d’ouvrir cette salle, mais mon bon sens avait encore une partie de mon âme entre ses mains. Alors, j’ai essayé de calmer le jeu avec Amy :

    « Tu sais, si ça se trouve, c’est juste… un placard pour produits… euh… pharmaceutique ? Ou bien des vidéos de Math Podcast2, donc il ne faut surtout pas ouvrir !

    - Mouais, c’est vrai que ça ressemble à un placard de produits pharmaceutiques, mais à en déduire par ton improvisation nulle sur Math Podcast, je dirais que tu as (un peu) peur ! :P »

    Je pense que là, il n’y a qu’une seule chose à dire : R.I.P mon bon sens. J’ai serré les points et me suis avancée vers la porte. L’adrénaline montait en moi, et j’ai ouvert le « placard ». Je ne sais même pas pourquoi j’ai mis des guillemets : c’était vraiment un placard. II était assez grand, et contenait, en effet, des médicaments et des trousses de soins. On était vraiment dépitées. On s’attendait à quelque chose d’incroyable, et finalement ce n’était rien. Nous sommes rentrées à l’intérieur, pour observer plus en détail (on cherchait un moyen de rendre cette pièce excitante !). On commentait les moindres détails, et on farfouillait un peu le matériel. Au final, on a abandonné l’idée de rendre ce placard intéressant. Alors qu’on était sur le point de ressortir, la porte se referma d’un coup sec, juste devant notre nez. Nous avons toutes deux laissées s’échapper un petit cri. Les murs vibraient. Après quelques secondes de silence, Amy tenta d’expliquer la situation :

    « C’est, à coup sûr, le vent. Il me semble que j’ai oublié de refermer la grande porte.

    - Il y a forcément une explication rationnelle à tout ça… »

    Je me suis donc avancée vers la porte et ai tourné la poignée. Rien à faire, elle était bloquée ! On ne voulait pas appeler la police, de peur d’être incarcérées pour effraction, mais si c’était le seul moyen de rester en vie, alors ce serait nécessaire. Je paniquais et me défoulais sur la porte. Des larmes de rages coulaient sur mes joues.

    « Punaise ! »

    Je frappa la porte de mes deux poings et m’en éloigna. Là, j’entendis du bruit venant de derrière moi. Amy était en train de retirer un à un les objets des étagères.

    « M- Mais, qu’est-ce que tu fais ?

    -J’essaie de trouver un passage secret, ça se voit, non ? »

    Sur le coup, j’ai pensé à une blague. Puis j’y ai réfléchi. Elle avait dit ça sans aucune hésitation. Elle disait vrai, elle cherchait réellement un passage secret. Les planches des murs sifflaient, le vent passait entre elles. La respiration de mon amie était saccadée de peur. Tout en essuyant mes larmes, je croisais les doigts, dans l’espoir que quelque chose se passe. Il n’y avait presque aucun bruit, c’en était devenu stressant. La caméra et le micro tournaient toujours. Bientôt nos portables n’auraient plus de batterie. Si cette tentative était vaine, nous serions contraintes d’appeler les forces de l’ordre. Au dernier objet, Amy pris une grande inspiration : « S’il vous plaît, faites que ça fonctionne ! ». Elle le tira doucement en sa direction. Rien ne se passa. Elle poussa un cri de désespoir, et, de rage et de colère, brisa l’objet par terre. C’était un genre de minuscule cristal, qui devait sûrement contenir un remède ou un médicament. Lorsqu’il se brisa, il se désintégra en des milliers de cristaux lumineux. Soudain, des lignes géométriques se tracèrent au sol. Elles luisaient d’une forte lumière mauve. Les planches qui formaient les murs du placard tombèrent une à une au sol. Celui-ci tremblait comme-ci il allait s’effondrer. Lorsque les tremblements prirent fin, une vaste pièce noire, parsemée de dizaines de « lignes telluriques », comme on les appelait, pris forme. C’était incroyable. Je n’avais jamais vu quelque chose de si impressionnant. Nous en restions bouche bée. On empoigna le matériel puis nous avancions à tâtons dans la salle. Tandis que l’on observait de fond en comble les lieux, une étrange créature se faufila derrière nous. Au début, nous ne l’avions même pas remarqué, jusqu’à ce qu’elle se mette à parler :

    « Zouglouglou ! »

    Nous nous sommes retournées et l’avons aperçu. C’était un petit être qui ne devait pas dépasser les 40 centimètres de hauteur. Il était composé d’une matière qui semblait flasque et visqueuse, teinté d’un léger vert pomme, presque translucide. Nous l’avons observé sans dire un mot pendant un moment. Il avait de grands yeux, semblables à ceux des animes, de minuscules bras, pas de jambes, et un air ahuri qui le rendait presque abruti. Il n’avait même pas de démarcation entre sa tête et son corps. Puis, il répéta « Zouglouglou glouglou ! ». Sa voix était douce, presque féminine tout en gardant un brin de virilité. Il penchait sa tête légèrement sur le côté, comme pour poser une question. Il nous fixait et nous analysait, lui aussi. Amy, sur le coup, fut plus courageuse que moi. Cette fille est vraiment intrépide, et je m’en rendais compte plus que jamais à ce moment précis.

    « Eh, bien… Salut, petit machin ! T- Tu t’appelles comment ?

    - Euh… Tu sais Amy, vu la… figure qu’à ce truc, il ne parle sûrement pas le français… »

    Elle m’a dévisagé, comme si cette idée ne lui avait même pas traversé l’esprit. Je l’adore, il n’y a pas à dire, mais des fois elle est vraiment simplette.

    « Mouais, t’as sûrement raison… Euh, Do you speak english ? Deutsch ? Spãnish ? 

    - Mh, euh… quand je disais qu’il ne parlait pas le français, c’est que j’envisageais la possibilité qu’il ne vienne pas de la Terre…

    - Pas de la Terre ? Tu veux dire que c’est un alien ? Qu’il est venu en vaisseau spatial ? Et qu’il veut peut-être envahir la planète ? »

    Pendant qu’elle disait cela, l’intégral de Doctor Who3 se rejouait devant mes yeux. Les attaques aliens, les contre-attaques humaines, tout ça, je connaissais !

    « Oui ! C’est exactement ce que je veux te faire comprendre ! Regarde autour de toi, bon sang ! Tout est tellement… irréel et futuriste ! Je ne peux pas croire que les hommes de notre siècle puissent concevoir une telle technologie ! C’est trop incroyable ! »

    L’excitation se sentait dans ma voix. Il était évident que j’étais une fan de science-fiction depuis mon enfance. Mais (car il y a un mais) ma partenaire toussota légèrement :

    « Hmm, Yui, regarde deux secondes notre envahisseur ! On dirait du slime ! Et puis, il a l’air débile... »

    Je reconsidérai mes espérance. Mon dépit était palpable. Elle avait raison… La créature, quand à elle, ne présentait aucun signe de peur, d’excitation ou quoi que ce soit. Elle était fidèle à elle-même et gardait cet air ahuri. Puis, au bout d’un certains temps, alors que nous débattions sur la meilleure chose à faire, la créature expira. Nous nous sommes retournées en sa direction. Ensuite, la chose inspira, jusqu’à grossir, puis grossir, puis doubler de volume. Alors, elle se changea en un liquide visqueux qui se faufila dans les lignes telluriques jusqu’à ce que celles-ci soient toutes devenues vertes. Le peu de luminosité restant pouvait nous faire percevoir la créature reprendre sa forme originelle. Sans que nous ne nous en apercevions, les murs se resserrèrent peu à peu, pour reprendre une taille de « grand placard ». Puis nous nous sommes faites secouées. Nous avons toutes deux perdu connaissance. Lorsque nous nous sommes réveillées, nous étions dans une grande plaine, déserte de toutes habitations. C’était un monde doux et coloré, dans des tons pastels, qu’on ne retrouvait nul part dans la nature terrestre. Le ciel était d’un bleu magnifique, on pouvait y apercevoir sept étoiles semblables au Soleil. L’herbe sur laquelle nous étions allongés était d’un rouge pastel, virant au rose…

     

    A suivre …

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    J'ai écrit cette histoire pour une rédaction, j'espère vraiment qu'elle vous plaira !

    Lexique :

     

    1Urbex ou exploration urbaine, est une activité consistant à visiter des lieux abandonnés, en général interdits, dangereux ou difficiles d’accès. La tendance est de se filmer en effectuant de l’urbex.

     

    2Math Podcast est un ex-youtuber accusé d’escroquerie, et plus précisément de vol de contenu et de plagiat. Il est le français iconique représentant l’escroquerie au sein des réseaux sociaux.

     

     

    3Doctor Who est un série de science fiction britannique créée par Sydney Newman et Donald Wilson en 1963.

     

    Auteur : Miica

     

     


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